jeudi 22 novembre 2018

L'anglais international


À l’école, c’est l’anglais britannique qui nous est enseigné, avec sa prononciation et son orthographe. C’est une langue que tout le monde pense facile, mais en fait qui ne l’est pas vraiment ; en tout cas, si on veut la parler correctement et en comprendre les nuances.

Qui sait prononcer cela sans se tromper ?

English is a difficult language. I can understand through tough thorough thought, though.

Ou se trouve donc la logique de sa grammaire ? Lisez donc ceci : 



Et pourtant tout le monde veut l’apprendre. Tout le monde pense qu’il ou qu’elle sait parler anglais. Avec le temps, on découvre qu’à côté de l’anglais britannique de l’école, il y l’anglais américain avec une prononciation et une orthographe différente, mais qu’importe les deux pays se comprennent. Je n’ajouterai pas qu’il existe aussi un anglais australien, un anglais irlandais et l’anglais parlé dans les pays anglophones de l’Afrique et de l’Asie. On finit par s’y perdre. 

Avec les gens qui voyagent et nous les expatriés qui bougeons de pays, on pense que l’on peut s’en sortir avec l’anglais de l’école. Arrivés aux États-Unis, on veut prendre le « lift » pour aller au « first floor » et en fait « the elevator » ne monte pas au premier étage, car le rez-de-chaussée, c’est le premier étage américain, si je peux m’exprimer ainsi. Pour aller d’un endroit à un autre, vous prendrez soit un « motorway », soit un « highway ». Les Irlandais mélangent déjà l’anglais britannique et l’anglais américain, car ils ont des motorway, par contre, ils n’ont pas des « flats », mais des « apartments ». Si nous avons un problème, allons-nous voir un « barrister » ou un « lawyer » 
Et quand on écrit, faut-il écrire « color » ou « colour », « analyse » ou « analyze », « fulfil » ou « fulfill » ?? C’est un réel défi, n’est-ce pas ? Comment s’y retrouver alors ?

C’est assez simple en fait !
A force, les voyageurs que nous sommes ont fini par utiliser ce qui s’appelle maintenant un « anglais international » que certains appellent parfois du « Globish » ou « Global English » (attention « global » en anglais veut dire « mondial » et pas du tout global – les faux amis sont pléthores dans la langue de Shakespeare). 
L’anglais international aussi appelé anglais de base ou anglais simplifié est celui utilisé par les personnes qui ne sont pas locuteurs natifs, c’est-à-dire qui n’ont pas été éduquées en anglais, mais qui ont besoin de l’anglais pour vivre ou travailler. C’est une langue anglaise très simplifiée – que seuls les locuteurs natifs et les experts en traduction pourront reconnaitre. Cet anglais est un mélange de l’anglais britannique que l’on a appris et de l’anglais américain qui s’est imposé par le cinéma que beaucoup de personnes souhaitent regarder en version originale. 
L’anglais international donne le sentiment que l’on est compris partout sur la planète, car il n’est pas un anglais parfait mais un anglais que tout le monde comprend. Il permet de converser avec un effort limité. 

Cet anglais technique simplifié a été mis au point dans les années 1980 par l’Association européenne des constructeurs de l’aérospatiale pour que leur documentation soit claire en français et en anglais. Cet anglais simplifié a été créé pour réduire les ambiguïtés, améliorer la compréhension entre les personnes qui n’ont pas l’anglais comme langue maternelle. Il s’est ensuite étendu à d’autres domaines. Ce n’est donc pas un mauvais anglais, mais c’est un anglais qui n’utilise pas les locutions idiomatiques des locuteurs natifs. C’est un anglais avec peu de vocabulaire. C’est une langue véhiculaire et donc qui permet de véhiculer, comme son nom l’indique, le message que l’on veut faire passer. Il permet d’écrire des phrases courtes et claires, d’utiliser une langue que tout le monde comprend, d’écrire la date comme on le souhaite sans utiliser un système ou un autre. Il utilise aussi un minimum de vocabulaire.

Je me permets de vous donner un exemple ici :
·      anglais britannique : in the event of a fire do not use the lift. Contact the fire brigade.
·      anglais américain : in the event of a fire do not use the elevator. Contact the fire department.
·      anglais international : in the event of a fire, use the stairs only. Contact the fire station. 

Vous voyez donc bien la différence entre le vocabulaire utilisé. Tout le monde, surtout les non-natifs, comprendra l’anglais international. 

            Nous parlons tous un peu l’anglais international sans le savoir d’ailleurs. Parler un « bon » anglais demande de l’apprentissage. Combien d’entre nous savent lire un roman écrit en anglais – permettez-moi de préciser ma pensée, je parle d’un roman écrit britannique « classique » j’ai presque envie de dire « littéraire », et non pas une histoire à l’eau de rose en sachant que je n’ai rien contre ces derniers ?  Cela renvoie au début de mon article quand je disais que « non, l’anglais n’est pas une langue facile » contrairement à ce que (presque) tout le monde pense. Si on veut le parler correctement et bien en comprendre les nuances, il demandera autant de temps d’apprentissage que toutes les autres langues. 

So, I wish you all the best in your adventures with the English language. 
Let me know your views and ideas.
Which type of English are you using? Send me sentences and I’ll let you know. 

Isabelle Barth
7 novembre 2018. 

jeudi 15 novembre 2018

Ma famille franco-allemande - Meine deutsch-französische Familie

Les aventures de Kazh
Die Abenteuer von Kazh



J'ai eu la très belle surprise de recevoir la semaine dernière le livre des aventures de Kazh, écrit par Aurélie Guetz et publiée par les éditions Bernest, une maison d'édition franco-allemande installée à Vienne en Autriche. 

Ce livre est tout à fait superbe. C'est un tour de force extraordinaire de la part de l'auteur qui est aussi l'illustratrice. On suit les aventures des Kazh, un chat sans famille qui se fait adopter par une famille franco-allemande en vacances Bretagne.



Le jeu entre les deux langues est fait avec beaucoup d'humour et de réalité. On découvre ainsi comment se passe le quotidien d'une famille bilingue dans laquelle deux langues sont utilisées au quotidien. Comment ces langues se répondent et résonnent l'une avec l'autre. Et il y a Kahz, ce petit chat breton qui ne comprend pas l'allemand, ce qui fait ici écho à la famille en France qui ne parle pas l'autre langue de la famille. Il y a les enfants qui découvrent la langue bretonne en allant au club Mickey sur la plage. Il y a les questionnements sur la langue. Il y a les frustrations liées aux langues et la manière dont elles sont utilisées dans la famille. 
Présenté sous forme de bandes dessinées, les dessins sont simples et gais ce qui rend la lecture encore plus plaisante. Le livre est divisé en chapitres. 

Qu'est-ce qui m'a beaucoup plus dans ce livre ? La forme, mais aussi le jeu entre les langues. Pour moi, qui ne suit pas du tout une fan des livres bilingues pour des tonnes de raison que je pourrais expliquer, j'ai trouvé ce livre bilingue complètement différent et tellement plus réel. Car chaque personnage parle dans la langue de son choix. Il y a une alternance du français et de l'allemand, de la manière dont cela se passe dans une famille bilingue. Et nous n'avons pas une page dans une langue et la page en regard dans une autre, qui rend le monde bilingue factice. Avec une histoire plein d'humour, et plein de clins d'œil au bilinguisme familial, nous découvrons la réalité du bilinguisme au quotidien au sein des familles mixtes. Et la petite touche très subtile et remarquable d'Aurélie Guets, c'est l'usage qu'elle fait de l'écriture cursive dans les deux langues - prêtez-y attention. Remercions l'auteur qui a pensé à ceux et celles qui ne maîtrisent pas bien soit le français, soit l'allemand et propose une traduction (bilingue également) des dialogues en fin de chaque chapitre. 

Également enseignante de français, Aurélie Guets a pensé à tout, elle a posté sur son site des fiches pédagogiques à l'attention des enseignants qui souhaiteraient utiliser sa bande dessinée en classe - c'est ici.
Toutes les références historiques et géographiques sont expliquées et il est possible de retrouver les chansons bretonnes mentionnées sur le site de Bernest : ici.

C'est un livre que je recommande vivement à toutes les familles mixtes et bilingues - un très beau tour de force. 

L'avez-vous lu ? Qu'en pensez-vous ?